samedi 9 juillet 2011

Tour : les leçons de Super-Besse...

Depuis Super-Besse Sancy (Puy-de-Dôme).
L’arrivé dans la «moyenne montagne», sur le Tour, est une autre manière de dire que «les choses sérieuses» ont enfin commencé. Ou du moins qu’elles devaient commencer… Disputée sous une pluie intermittente qui ne lâche  plus les suiveurs depuis la Bretagne, la 8e étape, ce samedi 9 juillet, nous a rappelé une leçon exemplaire de la grande histoire du Tour depuis quelques années : rien ne sert d’imaginer monts et merveilles, mieux vaut attendre avant de rêver à des scenarios fous. Ce samedi, donc, ce fut un petit cours de résistance adressé aux nuls. Autant pour la victoire d'étape que pour le Maillot Jaune.

Leçon numéro un. Pour la première fois depuis le départ de Vendée, une échappée a – enfin – eu raison des armadas déchaînées du peloton. Le jeune Portugais Rui Alberto Faria Da Costa (Movistar), en a profité pour déjouer tous les pronostics et l’emporter à Super-Besse, résistant à Philippe Gilbert et à un peloton dépeuplé par le profil de l’étape. L'échappée de neuf coureurs (avec Riblon, Zandio, Engels, El Fares, Zingle, Van Garderen, Gautier et Kolobnev) où le Portugais s'était glissé dès les premiers kilomètres semblait pourtant en sursis quand BMC et Astana ont accéléré en tête du peloton dans les 50 derniers kilomètres. Autant dire que l’escapade paraissait même totalement condamné quand le vieux brigand d’Alexandre Vinokourov (Astana), parti en quête d’un maillot jaune à 25 km du but et pourquoi pas d’un doublé, revint sur les talons des fuyards, en débordant quelques-uns.

Rui Alberto Faria Da Costa.
Leçon numéro deux. Même avec à ses trousses un repris de justice, venant lécher sa roue arrière à 10 secondes, le Portugais Rui Alberto Faria Da Costa résista dans le mur final montant à Super-Besse (1,5 km à 7,6%), préservant une poignée de secondes sur la tête du peloton des favoris. Costa est décidément un costaud. Vainqueur des Quatre Jours de Dunkerque 2009 et préparé comme il se doit par l’équipe espagnole Movistar, au sein de laquelle reste suspendu, jusqu'à nouvel ordre, un certain Alejandro Valverde... Alors, une belle revanche pour Costa ? Certains qui n’ont pas froid aux yeux le pensent. Car l’Espagnol, 24 ans, vient peut-être de refermer (rien n’est moins sûr) une parenthèse sombre mais hélas banale : contrôlé positif lors du championnat du Portugal 2010, le vainqueur du jour avait été suspendu six mois et avait attendu le mois d'avril dernier pour resigner avec Movistar, toujours orpheline de Valverde et de ses performances. On se souvient également que le Portugais avait fait parler de lui, sur le Tour 2010, pour ses qualités de pugiliste au cours d'un combat à mains nues avec Carlos Barredo, sur la ligne d'arrivée de Gueugnon...

Leçon numéro trois. Jusqu’à quelques encablures de la montée finale, tout le monde croyait qu’Alexandre Vinokourov décrocherait le paletot jaune – «le dernier rêve de ma carrière», dit-il sans rire. C’était sans compter sur le retour tonitruant de l'avant-garde du peloton. Philippe Gilbert y déploya sa hargne, avec, sur son porte-bagage, Alberto Contador, les frères Schleck et Cadel Evans, incapables de s’attaquer vraiment. Que ceux qui avaient prédit le contraire lèvent le doigt ! Sans parler de Thor Hushovd... Au matin, pas un suiveur n’aurait misé son verre de vin du soir sur sa possibilité de conserver son maillot jaune. Grossière erreur. Accroché aux basques de Cadel Evans, le Norvégien a donné une belle preuve de résistance à ceux qui en doutaient.

Leçon numéro quatre. Les coureurs, seuls, décident de la course…

(A plus tard…)

1 commentaire:

Olivier a dit…

Merci d'avoir écrit après les étapes d'hier et d'aujourd'hui. Pendant le tour, c'est encore plus long de devoir attendre du vendredi au lundi pour retrouver l'Huma et ce serait dommage de n'avoir pas un beau récit pour chacune des étapes de ces jours-ci, alors que la route s'élève.

Merci aussi de continuer à dire le dopage tel qu'il est, en rappelant des faits et en faisant des liens, en le faisant comprendre dans toute sa réalité plutôt que d'alterner comme tant d'autres silence faussement naïf et cris d'indignation assourdissants. C'est cette intelligence qui nous permet de continuer à apprécier le Tour de France.

Au fond, c'est presque normal de trouver cela dans un journal communiste, non ? Merci en tout cas.