mercredi 4 juillet 2012

Tour: à Rouen, André Greipel ne laisse pas passer sa chance

A la faveur d’une chute dans les derniers kilomètres, qui élimina du sprint le favori Mark Cavendish, l’Allemand remporte l'étape Abbeville-Rouen. Sinon, un Japonais s’est illustré en pays de Caux…

Depuis Rouen (Seine-Maritime).
Connaissez-vous le pays de Caux? Venus tout droit d’Abbeville pour lécher la Manche plein ouest, les coureurs ont découvert des terres de bord de mer inondées de beauté sous un ciel mi-grisâtre mi-bleuté, avec ses paysages uniques réputés pour ses richesses sédimentaires et ses plateaux. S’étendant de Dieppe pour constituer une large sphère géographique jusqu'à l'embouchure de la Seine, à hauteur du Havre, cette région verdoyante aux effluves du large n’est empruntée qu’exceptionnellement par le peloton du Tour. Le Japonais Yukiya Arashiro ne se plaindra pas de cette escapade, puisque la Normandie fut longtemps sa terre d’adoption. Aguerri et repéré en France dans la formation amateur de l'ES Aumale, ici en Seine-Maritime, Yukiya Arashiro, l’un des protégés de Jean-René Bernaudeau chez Europcar, a légitimement décidé de s’illustrer, hier, en s’extirpant du peloton en compagnie de David Moncoutié (Cofidis) et d’Anthony Delaplace (Saur-Sojasun).
Une longue, très longue échappée, puisque les trois hommes faussèrent compagnie à leurs congénères dès le premier kilomètre…

Yukiya Arashiro, lors de ses débuts
dans l'équipe de Jean-René Bernaudeau.
Toute l’après-midi, en remontant la Seine sur les deux rives, Arashiro a livré les relais les plus appuyés. En vain. Comme un scénario préécrit à l’avance, ce qui finit par lasser les suiveurs, puisque la folie des arts libérés ne semble plus y avoir sa place, il fallut attendre les dix derniers kilomètres pour que les équipes de sprinteurs règlent l’affaire - inéluctablement, sans bruit ni fureur... Ainsi était-il écrit qu’un Japonais ne remporterait pas la première victoire d’étape pour son pays. A 27 ans, le natif de l'île d'Okinawa était déjà passé tout près d’un exploit, en 2010, sur le Tour d’Italie. Patience et ténacité: deux vertus du cyclisme moderne. Auxquelles il convient désormais d’ajouter: l’ennui.

Le public des faubourgs de Rouen, après une étape de 214,5 kilomètres, a donc assisté à un emballage final des plus classiques. Du moins jusqu’à une monumentale chute, qui, à la défaveur des circonstances, provoqua l’élimination physique (très temporaire) du grand favori du jour, le Britannique Mark Cavendish (Sky), déjà vainqueur à Tournai. L’ampleur de la chute collective découpa le peloton en morceaux inégaux. Qu’on se rassure. La chute se déroula dans les trois derniers kilomètres et tout ce beau monde, rescapé et sans trop de dommage à notre connaissance, fut classé dans le temps du vainqueur, y compris Cavendish, maillot arraché et passablement sonné par la culbute. Vous le voyez, le suiveur se console comme il le peut... Le grand bénéficiaire de ce chamboule-tout s’appelle André Greipel (Lotto). L’Allemand, lui aussi surpuissant et ancien homme-pilote de Cavendisch quand ils courraient dans la même équipe, n’a pas laissé passer sa chance. Il s’est imposé assez brutalement devant Alessandro Petacchi (Lampre), Tom Veelers (Argos), Matthew Goss (Orica) et Peter Sagan (Liquigas).

Hier soir, dans les rues de Rouen, en voyant le Suisse Fabian Cancellara trôner et parader toujours vêtu de jaune, nous pensions fort, très fort, à Jacques Anquetil. Sa ville accueillait le Tour. Et un Japonais, un rien Normand, s’est illustré toute la journée. Maître Jacques aurait-il seulement apprécié ce spectacle? Question absurde, non?

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