samedi 6 juillet 2013

Tour : Christopher Froome imite Lance Armstrong

Au sommet de la première étape pyrénéenne, le leader de l’équipe Sky atomise tous ses rivaux et fait coup double, victoire d’étape et maillot jaune. Son coéquipier Richie Porte est le dauphin. Derrière, le déluge…

Depuis Ax 3 Domaines (Ariège).
A l’heure de la grande lessive, il est nécessaire que le chronicoeur se mouille, surtout par une chaleur accablante: au soir de la toute première étape de montagne, oui, le Tour est plié. Voilà c’est dit ; mais vous aurez tiré par vous-mêmes la conclusion que j’enfonçais là une porte ouverte et qu’oser prétendre se mouiller ainsi relevait plus de l’amusement que de la haute analyse. Ce samedi 6 juillet 2013, n’importe quel amoureux et/ou spécialiste de cyclisme parvient une conclusion identique: Christopher Froome et les Sky ont assommé la Grande Boucle. Toute autre conclusion s’avèrerait, en effet, ou déplacée ou stricte folie.

Autant le dire, le chronicoeur est K.-O. debout. Le peloton aussi. Et accrochons-nous: au premier round encore! L’affaire rondement menée par l’équipe Sky, Christopher Froome en tête, flanqué de Richie Porte, n’est d’ailleurs pas sans nous rappeler les heures «glorieuses» de l’US Postal, quand un certain Lance Armstrong, orgueilleux en diable et partisan de l’assommage d’entrée de jeu, avait la mauvaise habitude de frapper le Tour dès la première étape de montagne, qu’elle se situe dans les Alpes ou dans les Pyrénées. Froome s’est inspiré librement – mais en totalité – de la méthode façon prise de pouvoir brutale.

Et un peu sur un mode identique: les coureurs de Sky ont réussi un travail de sape impressionnant en seulement deux ascensions, le col de Pailhères (15 km à 8% de moyenne) et la montée vers Ax 3 Domaines (7,8 km à 8,2%) pour catapulter Chris Froome au sommet du classement général. Et laisser groggys tous les autres leaders, à commencer par Alberto Contador (8e du jour déjà à 1'45''). 
L'escalade vers Pailhères, sommet de ce parcours 2013 (2.001 m d'altitude), avait pourtant laissé une part d'incertitude dans la force collective des hommes en noir quand le grimpeur Nairo Quintana est parti à l'aventure à plus de 30 kilomètres du but. Il n'a finalement été qu'une diversion insignifiante pour Chris Froome et ses coéquipiers, fidèles à leur stratégie si efficace. Au moment de basculer au col de Pailhères, il ne restait que 25 coureurs dans la roue des Sky. Quand Richie Porte, dernier équipier de Froome, s'est mis au travail à 7 kilomètres de l'arrivée, il n'était plus que trois à résister: Alejandro Valverde (Movistar), Alberto Contador et Roman Kreuziger (Saxo Bank). Et quand Froome a accéléré à moins de six bornes du sommet de la station de ski ariégeoise : il était seul… Lui qui avait si souvent attendu Bradley Wiggins en 2012 s'est ainsi offert la plus belle victoire de sa carrière, avec une avance déjà impressionnante. D'autant plus impressionnante que son dauphin désormais n’est autre que son coéquipier et lieutenant de luxe, Richie Porte (2e à 51'').

Derrière eux? La grande lessive, avec essorage. Pour avoir tenté de résister au-delà de ses limites, Alberto Contador s'est mis dans le rouge dans les cinq derniers kilomètres. Le Pistolero (8e) l'a payé cher dans le final où il a peiné à garder la roue de son coéquipier Roman Kreuziger avant de franchir la ligne à 1'45'' de Froome. Le plus valeureux résistant des Sky a finalement été l'Espagnol Alejandro Valverde (3e à 1''08), qui a fini juste devant les Néerlandais de Belkin Bauke Mollema (4e à 1'10'') et Laurens Ten Dam (5e à 1'16''). La liste des battus du jour est longue comme un jour de canicule sur le Tour. Cadel Evans, vainqueur du Tour 2011, est à 4'16'' (26e). Thibaut Pinot à 6'00'' (30e). TJ Van Garderen, 5e du Tour 2012, se retrouve 56e (à 12'15''). Sans parler de Pierre Rolland, 22e (à 3'47''). Adieu le classement général…
 
Sur la ligne d’arrivée, Chris Froome a déclaré deux choses, sous forme d’évidences. Primo: « Je ne m’attendais pas à tant d’écart. » Secundo: « Maintenant, il faut garder le maillot jusqu’à Paris. » Le temps risque d’être long, jusqu’à Paris…

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