mardi 19 avril 2016

CGT: ce qu'affiche révèle...

Une matraque et un insigne de CRS, près d’une flaque de sang, titrés: «La police doit protéger les citoyens et non les frapper.» Cela justifie-t-il autant de haine de classe?

Alors, tout est bon? Tout est permis et possible, sans frein ni mesure? Tout serait ainsi acceptable dans le débat public? La voilà donc, la France de 2016 dont quelques-uns des principaux hiérarques actuels de l’orthodoxie dominante se permettent d’utiliser le moindre prétexte pour tenter de dézinguer le plus vieux syndicat, qui a tant donné et œuvré pour l’existence même des droits sociaux et la consolidation de la dignité des plus faibles? Il aura suffi d’une affiche, volontairement provocante, pour qu’un véritable tir de masse s’abatte sur la CGT, dont le congrès, à Marseille, en gêne manifestement plus d’un… Ce qu’affiche révèle, tout de même! Et ce qu’elle dit, par effet miroir, de l’état de ceux qui croient nous dominer!
 
«Honteuse», «immonde», «abjecte»… Depuis hier matin, les adjectifs en forme de coups ne manquent pas –venant de la droite comme de la gauche d’ailleurs–, pour qualifier l’affiche diffusée par le syndicat Info’com de la CGT dénonçant les violences policières des dernières semaines.
Qu’y voit-on? Une matraque et un insigne de CRS, près d’une flaque de sang, titrés: «La police doit protéger les citoyens et non les frapper.» Et? Certains pensent le contraire? D’autres osent contredire le fait qu’il y a eu des violences policières, quand le ministre de l’Intérieur lui-même s’est inquiété publiquement au moins d’un cas précis? Bernard Cazeneuve crie pourtant aux loups, avec la droite et son extrême. Sans parler de Jean-Christophe Cambadélis, qui évoque une «gauchisation» de la CGT. Qu’il nous pardonne, ou pas, mais donner des leçons de gauche quand on l’a ce point quittée, abandonnée et trahie, cela prouve que, pour le pouvoir, le syndicalisme de lutte est un ennemi à combattre. Vu le climat social, la contestation contre la loi travail, Nuit debout, etc., il n’y a rien d’étonnant, hélas. Une vieille haine se réveille et se déchaîne comme jamais. Cette haine puise dans les ressorts conservateurs et ne vise qu’à affaiblir –bonne chance!– l’un des syndicats les plus réformateurs, oui, vous avez bien lu, un syndicat authentiquement réformateur: mais au bénéfice des salariés! Au fond, cette haine porte un nom qui brûle leurs lèvres à tous. Aidons-les à l’avouer: une haine de classe. Qu’ils le sachent, nous ne sommes pas de la leur! 
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 20 avril 2016.]

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